Aux amours qui finissent sans rien finir du tout

Soir, pluie. Sous un porche vert bouteille, le dos contre le mur froid, les pieds abîmés d’avoir couru, cheveux ruisselants et halètement d’une course contre soi l’alcool en tête ; le téléphone en main qui fait plisser les yeux, tape tape un texte infini de souvenirs probablement inventés, d’une histoire sûrement rêvée, autrement ça n’existe pas un truc qui fait aussi mal, personne n’aurait pu écrire un homme de cette trempe. Ne rien transmettre, ne rien montrer tant que la mémoire garde : à chaque nouvelle croyance fouiller dans le tas des déceptions passées, pour ne plus être attendrie, pour ne plus mollir devant sa nuque son nez ses lèvres son torse, pour trouver sa chemise moche et l’homme dedans déplorable ; astuces nocturnes de fille étourdie qui permettent de ne jamais cliquer sur le bouton « envoyer ». Avoir lutté, lutter encore – l’infinitif a cela de commode qu’il permet de ne pas dire qui pleure tant d’années plus tard, se tordre de douleur après la période légale, vraiment quelle histoire.

(Tu ne le vois plus nulle part sauf quand tu fermes les yeux.)