A propos de “nous”

Mot du jour : hypernuit.

Ce matin : hyperpluie…

La chaleur asniéroise remplit ma poitrine entière. Je suis aimantée, comme après le darshan d’Amma en février, dans son ashram tout rose d’Inde du Sud.

(Elle me prend dans ses bras, pose sa main sur mes cheveux et répète comme un mantra “ma chérie, ma chérie” au creux de mon oreille qui fond de plaisir. Mes bras trop maigres tentent d’enserrer la dame, je veux moi aussi lui donner un peu de moi, mais je me sens squelettique, toute sèche, une enfant. Alors je pense à ma soeur, et à S. Cela dure une heure, ou une minute. Encore enveloppée par la douceur de son sari et son odeur de curcuma, je récupère mon sac et m’assieds en tailleur sur le sol en pierre, face à la scène. Ma sœur est assise derrière, sur une chaise. Je le sais car elle me l’a dit mais je ne la vois pas, parce que je ne regarde pas.

Je ferme les yeux et me balance (“Une araignée, qui se balançait…”) au rythme de qui ? Une force mystérieuse tire mon buste vers l’avant puis me repousse vers le fond du hall, et encore, encore. Un aimant se joue de moi mais un fil invisible relie le haut de mon crâne au plafond de cette salle – alors je ne tombe pas. Je vais d’avant en arrière, je sens une immense chaleur dans mon ventre, derrière le plexus solaire, mes yeux sont scellés gentiment, le calme m’enveloppe et je sais que je me souviendrai de cette sensation pour toujours.)

Voyez, j’essaie de parler d’autre chose que de l’Inde, et pof, je divague.

L’autre soir, chez nos voisins que je rencontre tout juste : “alors toi, c’est le “nous” qui t’émeut ?”

Bien sûr il y a les arguments mathématiquement compréhensibles que l’on répète à tous et qui sont très ennuyeux (mètres carrés, commerces). Mais il y a surtout ce nuage invisible de bienveillance. Les bières ont meilleure goût, les blagues sont plus drôles.

Ce “nous” qui se forme tranquillement de l’autre côté de la Seine occupe toutes mes pensées.

Et je cherche à lui trouver un lien avec cette chose encore indéfinissable qui elle, est née du côté de Bombay…